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DU STREET ART … ET LA VILLE DE MONTPELLIER

  • Photo du rédacteur: Lisa Nouet
    Lisa Nouet
  • 23 nov. 2021
  • 7 min de lecture

Cartel Street art
Photographie du tag d’ange façade du canal Verdanson vue près des voies de tram à Montpellier le 18/10/2021. © Nouet Lisa.

Aujourd’hui, le Street-art, dit aussi art urbain, est partout dans notre quotidien. Très apprécié par certains dans le monde de l’art contemporain et détesté par d’autres, cet art fait l’objet de débat.


Pour comprendre ce qu'est le Street-art, intéressons-nous plus particulièrement à la ville de Montpellier où il prend plusieurs formes. Parmi les formes de Street-art, voyons ensemble le graffiti, le tag, la sculpture, le trompe-l’œil ou encore une affiche. Il existe d’autres formes comme le pochoir.

Le Street-art est une forme d’art accessible au plus grand nombre puisqu’il se situe dans la rue, dans l’espace public, fréquemment en ville. Cette forme d’expression plutôt graphique a parfois pris des dimensions politiques ou contestataires. Certaines œuvres ont d’ailleurs choqué et fait bouger l’opinion publique sur des sujets graves ou actuels. Par exemple, on peut citer Banksy, qui peint en 2005 The wall of Palestine sur le mur de séparation avec Israël. On peut aussi évoquer une collection de sérigraphies réalisée en 1977 par Ernest- Pignon Ernest intitulée Les expulsés. Elle bouleverse l’opinion publique car elle représente des migrants chassés de la ville de Paris.

Les sites d’art urbain peuvent aussi servir de lieux de mémoire. Un des murs extérieurs de la Tabacalera, à Madrid avec le projet Alto datant de 2014 en est un exemple. Cela reprend l’œuvre de Ze Carrión qui a reproduit l’image télévisuelle de Carlos Arias Navarro accompagnée de l’inscription « Españoles, Franco ha vuelto ». Cette phrase historique fait référence à la guerre civile espagnole et la période du franquisme.

L’art urbain n’est pas forcement voué à durer car il est soumis aux intempéries, à la censure, au recouvrement, parfois à la destruction du bâtiment….


Cartel Street Art
Photographie façade du canal Verdanson vue près des voies de tram à Montpellier le 18/10/2021. © Nouet Lisa.

A Montpellier, si on observe le canal Verdanson, situé près de l’arrêt de tram Saint Charles, on peut voir que ses parois sont entièrement recouvertes de graffitis et de tags. Les graffitis sont des formes d’art visuel qui peuvent être peintes, gravées, tracées. Les graffitis existaient déjà à l’Antiquité notamment dans la ville de Pompéi. Cet art visuel correspond à des écritures, des inscriptions diverses et variées ayant plusieurs types de typographies, transmettant un message ou une simple signature.


Cartel Street Art
Photographie du tag d’ange façade du canal Verdanson vue près des voies de tram à Montpellier le 18/10/2021. © Nouet Lisa.

Les graffitis, les tags sont réalisés à la bombe aérosol (peinture sous pression gaz). On constate un engouement pour cette pratique depuis les années 1960 date d’invention de cette bombe. Ils ont longtemps été vus comme des dégradations ou des détériorations en terme légal comme du vandalisme dont les auteurs sont condamnables par la loi. Citons comme exemple l'artiste de rue Thomas Vuille, alias M. Chat, poursuivi en justice mais pas condamné en 2014 pour avoir peint un chat jaune sur un site de travaux à Paris. De ce fait, les artistes de Street-art sont souvent restés dans l’anonymat. On peut prendre l’exemple de l’artiste qui signe Jonnystyle Pablo. Ce blase (nom d’artiste, surnom) ne permet pas de connaitre sa véritable identité. Il est l’auteur de l’ange crée en 2009 que nous voyons en photo.


Aujourd’hui, la vision qu’ont certains sur le tag et le graffiti a changé. Ils sont considérés autrement : non plus comme du vandalisme mais comme une forme d’expression artistique. C’est le cas du Canal au centre de Montpellier qui est depuis plus 10 ans le théâtre de cet art. Il y a donc des quartiers, des lieux où ils sont tolérés.

L’engouement pour le Street-art peut être illustré par sa présence sur le Marché de l’art. En effet, certaines œuvres de Street-art aujourd’hui se vendent des millions d’euros. L’œuvre de Banksy intitulée La petite fille au ballon vendue aux enchères 1.18 millions en est un parfait exemple.

Le Street-art est un art en perpétuelle évolution graphique. Il donne la possibilité à n’importe quel nouveau graffeur de s’exprimer. C’est ainsi que les tags et graffitis disparaissent, sont modifiés, remplacés, souvent recouverts par de nouvelles créations libres. C’est le cas du canal Verderson à Montpelier. En effet, d’une année sur l’autre, voire d’un mois sur l’autre le canal n’est plus recouvert des mêmes œuvres.


Cartel Street Art Montpellier
Photographie frontale d’une œuvre de Monsieur BMX vue près de l’arrêt tram Saint -Charles à Montpellier le 18/10/2021. © Nouet Lisa

Le cas BMX


Monsieur BMX est un Street artiste qui est passionné des sports extrêmes. A travers son œuvre il leur rend hommage. De ce fait, il a installé au début de sa carrière sur les murs de plusieurs rues de Montpellier des vélos de type BMX. Il en a installé quartier Saint Roch, dans l’écusson et près de l’arrêt de tram Albert 1 er.

Ces vélos sont destinés à faire du free-style ou a rider (faire des figures). Ils sont découpés, peints et customisés. Ces vélos sont des sculptures typiques du Street-art.


Ils sont composés d’acier, de titane et d’aluminium, des matériaux qui sont résistants aux intempéries ce qui assure un peu plus la pérennité de l’œuvre. Leur particularité est que l’on dirait qu’ils sortent des murs comme conduits par des fantômes, sortes de vélos passe- muraille au sens littéraire qui peut passer à travers les murs ou qui aurait la faculté d’échapper à tous les obstacles.

L’artiste a coupé un vélo BMX en deux parties de taille quasi-équivalentes à l’aide d’une scie électrique. Il a recherché un lieu propice et visible pour installer les deux parties du vélo. Il a percé le mur pour y introduire le cadre du vélo avec une perceuse à percussion. Il a inséré les deux morceaux du vélo, avant de reboucher sans laisser de trace. Le fait que l’œuvre de cet artiste ne dégrade pas l’environnement (le mur où est inséré l’œuvre) fait débat. En effet, la ville de Barcelone n’est pas d’accord. Elle a mis une amende à cet artiste pour destruction de biens publics. L’installation n’est donc pas considérée partout comme une forme d’art. A Montpellier l’œuvre semble bien acceptée, les montpelliérains se sont même habitués à ces sculptures et se les sont appropriées (accrochages d’objets, de chaussures, etc sur la sculpture). Ces vélos sont même devenus des points de rencontres pour certains.


Cartel Street-Art Montpellier
Olivier et Agnès Costa, Trompe-l’œil de la place Edouard Adam à Montpellier, 2005.

Le trompe-l’œil de Place Edouard Adam


Le trompe-l’œil est une fresque peinte sur un mur qui se joue du spectateur pour qu’il croit que ce qui est peint existe réellement. Le trompe-l’œil agrandit l’espace, permet de rendre plus vivant l’espace public et de nous transporter dans un autre univers. Pour faire un trompe-l’œil plusieurs techniques sont utilisées depuis l’Antiquité et ont évolué à la Renaissance, par exemple : la perspective (donne de la profondeur), le clair-obscur (contraste entre les zones de lumières et d’ombres), le raccourci (réduction de certaines dimensions des objets et des figures sous l'effet de la perspective). Situé sur la place Edouard Adam, le trompe-l’œil est visible par les passants dans la rue mais aussi par les gens assis aux terrasses des cafés.

Remarquons la présence de végétation méditerranéenne (cyprès et pin parasol) qui s’adapte et encadre parfaitement le trompe- l’œil. Cette végétation est un hommage à l’artiste montpelliérain Frederic Bazille. Frederic Bazille, artiste impressionniste, a souvent représenté cette végétation dans ses peintures. On peut le voir par exemple dans l’une de ses plus connue peinture intitulée La vue du village (1868).

Le trompe-l’œil retrace aussi l’évolution architecturale de Montpellier qui passe de l’architecture haussmannienne à celle dite moderne de faubourg (façade lisse sans balcon). En effet, dans ce trompe-l’œil, l’ancienne architecture haussmannienne du boulevard du Jeu de Paume côtoie l’architecture plus récente des faubourgs de la ville. L’architecture haussmannienne se caractérise par des immeubles à étages, dont la façade est réalisée avec des pierres de taille, des moulures comprenant de grandes fenêtres, plusieurs balcons munis de protections en fer forgé.


Cartel Street-Art Montpellier
Affiche Opération Colombes des Médecins du Monde à Montpellier le 18/10/2021. © Nouet Lisa.

L’affiche


À Montpellier quand on se promène dans les rues on peut voir ce que l’on appelle des affiches, des images souvent avec du texte, collées sur les murs, sur des bornes en béton, parfois sur des lampadaires, des arbres, des bancs etc…. Ces affiches collées ont la particularité d’être en papier. Le papier est un matériau qui se désagrège au fil du temps. Il est éphémère. Cela peut apporter une dimension poétique à l’œuvre, voire lui donner une durée de vie, une temporalité, et ainsi mettre le sujet de l’œuvre en valeur.

L’affiche de Médecin du Monde illustrant mon propos représente un symbole universel de paix. Il s’agit d’un oiseau, une colombe blanche en vol qui tient dans son bec un rameau d’olivier. Ce symbole prend tout son sens lorsqu’il est dessiné en 1949 juste après la seconde guerre mondiale par l’artiste peintre espagnol Pablo Picasso (1881-1973). Ce symbole sera apposé sur tous les murs des villes d'Europe afin d'illustrer les affiches des congrès du Conseil Mondial de la Paix. On remarque que certains symboles comme la colombe sont récurrents dans l’histoire du Street-art.


Ici, la colombe et le rameau d’olivier sont aussi le symbole de l’association à but non lucratif Médecin du Monde. Cette association sort cette affiche à l’occasion de ses 35 ans d’existence dans 12 villes choisies pour leur tolérance en matière de politique d’affichage publique dont celle de Montpellier. L’affiche de la colombe est soumise comme de nombreuses affiches aux intempéries, aux dégradations volontaires comme le recouvrement par d’autres affiches ou inscriptions. Les affiches peuvent se décoller, gondoler, se déchirer, être tachées etc. Les affiches constituent parfois une pollution visuelle selon où elles sont exposées et leurs états.


Certains commerçants s’en sont plaint car elles étaient collées sur les vitres de leurs magasins par exemple. Elles font aussi débat pour leur côté non écologique.

Les affiches sont une forme d’art en perpétuelle évolution qui se renouvelle sans cesse laissant la possibilité à de nouveaux artistes contemporains de s’exprimer.

Le Street-art est probablement le meilleur moyen d’accéder à de la culture puisqu’il est directement accessible, en milieu urbain. Le Street-art peut être comparé à un musée gratuit à ciel ouvert où les artistes s’expriment, dans un perpétuel renouveau, avec des moyens d’expressions diverses. La rue comme support d’expression est donc un moyen de voir l’émergence de nouvelles formes de créations artistiques.

Je vous invite donc à vous promener dans Montpellier pour en faire l’expérience vous-même. Si vous êtes dans une autre ville, comme Grenoble par exemple, soyez attentif quand vous marchez dans la rue car vous pourriez-être surpris !

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